" Et merde. " [ Pv Seijii ]

« Tutututututututu »

Une main sortit de en dessous les draps de manière clichée, comme dans les films , et trouva le portable posé sur la table de chevet. Elle appuya sur tous les boutons et soupira de soulagement lorsque le silence se fit à nouveau. Le seul silence que Jade acceptait, celui du réveil ou du sommeil matinal. Matinal... Plutôt tardif. Il était deux heures de l'après midi et il dormait comme un loir. Son service commençait à dix sept heures, il n'avait pas énormément de temps. Sa touffe de cheveux platine ornait délicatement l'oreiller, tandis qu'un grognement donnait la mélodie gracieuse à l'ours encore dans les bras de Orphée.

Il fallait se lever. Le jeune homme balança toutes les couvertures et se leva de manière mécanique. La première chose qu'il fit fut bien sûr de se mettre une cigarette entre les lèvres , de l'allumer, de tirer dessus avec plaisir. Il se dirigea ensuite vers le bouton automatique qui ouvrait tous les volets de l'appartement plutôt spacieux qu'il arrivait à payer chaque mois. La lumière l'éblouit et il se frotta les yeux comme un enfant , tira de l'autre main son pantalon de pyjamas large XXL. Là , il se tourna doucement vers sa harpe , et sur une impulsion s'assit près d'elle. Il l'observa longuement, sa main libre effleurait le bois vernis de manière cérémonieuse. Il faisait beau , la lumière éclairait ce tableau , l'adolescent près de l'objet qu'il vénérait. Il baissait la tête légèrement , sa chevelure coulait comme de l'argent, quelle belle image n'est ce pas ? Tss. Bref, il comata ainsi pendant plus d'une demi heure, profitant du soleil et de l'apaisement que pouvait procurer son instrument favori.

Trois heures plus tard. Setsuna se faisait crier dessus parce qu'il venait de renverser une tasse de thé brûlant sur son chef en voulant tenter une danse traditionnelle dans les cuisines bondées. Ce jour là , Jade était dans un état d'énergie étonnant , pourtant son corps ne suivait pas. Il attendait sa pause pour aller se tuer lentement. Il s'appliqua donc , fut poli , charmant et plus séduisant que jamais , si bien que sa bourde fut oublié par un chef ravi de recevoir des compliments sur son personnel « à croquer ». Relevez le jeu de mot.

La pause ... Enfin. L'adolescent sortit rapidement son casque de musique de son sac, le mit sur ses oreilles, mit une compilation de vieux groupes de rock anglais. Un sourire rêveur éclaira son visage androgyne tandis qu'il prenait son sac pour s'isoler dans un coin du jardin qu'il était persuadé d'être le seul à connaître. Dix minutes plus tard la drogue s'infiltrait dans son corps. Il était allongé et savourait l'effet excitant qu'elle avait sur lui. Il se releva , sa pause arrivait à son terme. Son retour dans les cuisines se fit avec le casque autour du cou. Il avait complètement oublié de l'enlever.

« Jade , ce casque est normalement interdit mais nous avons une commande d'urgence dans la chambre n°3. Tu y vas tout de suite , tu rapportes cela. Vite ! Et cache ton casque en chemin s'il te plait. »

Le jeune serveur eut un sourire complètement joyeux , et prit le plateau où était disposé du miel , des tartines , du thé. Quelle idée. C'était très sexuel le miel sur un corps , c'est vrai. Jade s'esclaffa tout en allant porter la commande à un hôte et son client. Il marchait de manière peu naturelle car il avait remis la musique et se déhanchait en même temps. Il arriva en face de la porte n°9. Pourtant dans son esprit, il lisait 3. La drogue se diffusait de manière vicieuse en lui, accentuant sa beauté rêveuse et son air insolent. Il frappa à la porte , et entra d'un pas où il se concentrait peu.

Le résultat est très simple à deviner non ? En se rendant compte de son impolitesse , il fit demi tour en baissant la tête en rougissant , tout en s'exclamant d'une voix à demi étouffée :

« Je suis désolé , j'aurais du attendre votre autorisation ! »

Il se prit les pieds dans je ne sais quoi , et fit tomber la plateau en plein sur la moquette et le miel sur lui. Quel hasard ! Il grogna en découvrant l'ampleur des dégât. Sa chemise avait été épargnée mais son pantalon baptisé. Il se baissa , ses longs cheveux dissimulant son visage et entreprit de tout ramasser. Il voulait se faire le plus petit possible et bougonnait de manière adorable et enfantine :

« C'est pas juste , toujours à moi que ça arrive les trucs dans ce genre , et je vais encore me faire engueuler alors que c'est pas de ma faute , enfin un peu quand même mais voilà ! »

Il était donc assis par terre, levait son visage vers le numéro de la porte tout en dégageant ses traits , et fut prit d'un sursaut conséquent quand il découvrit le numéro 9.

« Et merde. »